VITA NOVA
Les artistes de l'Archipel du Vivant
Ce vivant qui nous tient

Métamorphoses synthétiques
INTERDEPENDANCES
À l’heure où le monde vivant connaît sa « 6e extinction», avec une baisse très rapide de la diversité de ses espèces, n’est-il pas urgent d’interroger la notion d’interdépendance ? Comme le souligne l’écologue Franck Courchamp dans le documentaire « Planète corps » : « Les interactions de notre corps avec les organismes qui le colonisent nous obligent à reconsidérer notre place dans la nature. (...) Virus nous sommes, bactéries nous sommes, cellules nous sommes, animaux nous sommes, et c’est bien ça qui nous rend humains.
Si les passagers de notre corps décident en permanence de notre destin, n’oublions pas que nous sommes nous-mêmes les passagers d’un corps géant, la Terre, et que nous influons sur son destin. »
L’émergence de la biologie de synthèse entraîne de nombreuses questions scientifiques, économiques, sociales, éthiques et politiques. Connaître et comprendre les constituants élémentaires du vivant pour les réorganiser par l’ingénierie moléculaire : le programme est vaste, il peut faire rêver ou faire peur. Fabrication de biocarburants, réparation de l’ADN, création de cellules…, cette nouvelle biologie a comme but de concevoir et construire de nouveaux systèmes biologiques aux fonctions contrôlées, s’ils peuvent l’être… ou des êtres artificiels confinés, si cela est possible ? Ici l’interdépendance devient un point névralgique.
Interdépendance du passé et du futur, des êtres vivants entre eux et avec leurs milieux de vie, de l’homme et de la machine, du corps et de l’âme, du son et du mouvement… Au sein de l’« archipel du vivant », la communication est incessante et génératrice de sens. Chaque artiste invite à découvrir un écosystème artificiel créé ou réagissant à chacune de nos interactions. Il donne à vivre des expériences : faire marcher des plantes (Still Human, de Mathias Schmitt), donner vie à des êtres chimériques (Connexa Viva, de Golnaz Behrouznia), dessiner des paysages d’énergie microscopique (Partitions, de Catherine Nyeki), matérialiser les âmes vivantes (Protocole JEMONDE, de Maud LC), déclencher une perte de repères (L’Orée délocalisée, de Marion Orfila), ou offrir une possibilité de communication avec le futur (Caméra 2067, de David Guez).
Sont ainsi proposées des fenêtres d’entrée, des chemins de traverse pour réinterroger le monde vivant et les relations que nous avons tous avec lui.
Les intervenants scientifiques
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Miguel Benassayag
Philosophe et psychanalyste franco-argentin. L’expérience de la guérilla et de la prison est au cœur de ses premiers livres comme "Malgré tout". Depuis, il alterne textes engagés et réflexions sur les évolutions contemporaines du vivant (Organismes et Artefacts, Fabriquer le vivant, Les failles comme chances du devenir) -
Jean-Michel Besnier
Professeur de philosophie à l’université Paris-Sorbonne (Paris IV), où il a créé et dirigé le Master « conseil éditorial et gestion des connaissances numérisées » de 2001 à 2013 et où il dirige actuellement l’EA 3559 « Rationalités contemporaines ». Auteur de L’homme simplifié, le syndrome de la touche étoile, Fayard, 2012
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Marie-Gabrielle Jouan
Docteur en biologie, cofondatrice et Présidente de BGene, société active dans les domaines de la biologie moléculaire, de l’ingénierie génétique et de la génétique bactérienne. La technologie de vBGene consiste à développer des outils efficaces ne laissant ni cicatrices, ni gènes de résistance aux antibiotiques au sein du génome bactérien modifié. -
Philippe Marlière
Normalien, Docteur en biochimie, Conseiller du Directeur des Sciences du Vivant du CEA pour la Biologie Synthétique, cofondateur de plusieurs sociétés et organismes intervenant dans la biologie synthétique. Promoteur de la "démiurgie génétique" et de la "biodiversité artificielle" son credo clame : "Avec la biologie de synthèse, d'autres vies sont possibles".
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Jacques Ninio
Polytechnicien, Directeur de recherche émérite du CNRS. Biologiste, auteur de travaux remarqués en biologie moléculaire et en génétique évolutive, il s'est lancé très tôt dans l'aventure des sciences cognitives. il travaille sur l’évolution et la reconnaissance moléculaire ainsi que sur la mémoire visuelle. Auteur de "L'empreinte des Sens" et de "La biologie buissonnière" -
Rémi Sussan
Rémi Sussan est journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies. Il s’intéresse notamment aux retombées sociologiques de l’usage des techniques, ainsi qu’aux mouvements parallèles et alternatifs qui en découlent. Il est l'auteur notamment des "Utopies posthumaines" ainsi que de "Demain, les mondes virtuels"
VITA NOVA est une rencontre réalisée par l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne (chargés de mission : Dorothée Browaeys et Jean-Jacques Perrier ; coordination : Bernadette Bensaude-Vincent) dans le cadre du programme européen Synenergene, avec le groupe curatorial composé de Maud Louvrier-Clerc, Mael Le Mée, Emmanuel Ferrand ; l’appui de Fabienne Marion, Josselin Barbay et de nos partenaires : AgroParisTech, Sup’Biotech, Biotech.info 3.0, le support média de UP' Magazine et la galerie Claude Samuel.