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L'événement

 

 


VITA NOVA

 
Rencontre artistique, scientifique et citoyenne, VITA NOVA a proposé les 18 et 19 septembre 2015  à des publics variés à la fois d’appréhender ce que peuvent être et représenter les projets techniques sur les organismes vivants, les corps, les cerveaux, et même les écosystèmes (géo-ingénierie)  mais aussi d’éprouver par l’expérience artistique ce à quoi ils tiennent.
Comment considérons-nous les organismes vivants, dès lors qu’on les instrumente et qu’on les modifie ?
Que deviennent nos corps, nos existences, nos élevages ou animaux de compagnies, nos écosystèmes dès lors qu’ils sont remaniés, hybridés, connectés ?
Quelles cohabitations entre organismes naturels et « artificiels » sont possibles, souhaitables ? Pour quels projets et quel monde commun ?
 
La rencontre a mis en scène les oeuvres d’une quinzaine d’artistes ou designers : David Guez, ORLAN, Catherine Nyeki, Carole Collet, Claude Cehes, Mael Le Mée, Sarah Garzoni, Maud LC, Louis Rigaud, Catherine Voison, Golnaz Behrouznia, Marion Orfila, Matthias Schmitt, Isabelle Pamies, Dominique Champion. Virginie Thibaud, comédienne,  y a apporté sa contribution.
Elle s’articulait selon deux pôles, l’interdépendance des organismes et la fabrique des « artefacts », au sens de produits artificiels réalisés par l’homme. Il s’agissait d’explorer les différences et les similitudes entre la créativité du vivant, la créativité technique et la créativité artistique. Jouant ainsi entre les possibles et les fantasmes, chacun a pu dialoguer et s’interroger.
 

Les artistes de l'Archipel du Vivant

 
 

Ce vivant qui nous tient

Le grouillement des bêtes, les formes et astuces du monde vivant nous prennent aux tripes. Concernés car enchâssés dans le monde vivant, nous n’en finissons pas d’explorer ses myriades d’inventions. Insectes invisibles dans les feuilles, parasites manipulateurs, bactéries colonisatrices de tous les milieux et de notre propre corps, virus tueurs ou protecteurs, molécules flexibles, machineries cellulaires… Fascinant et inquié¬tant à la fois, ce monde s’enrichit d’inventions biotechnologiques en tout genre. Lapins fluorescents, brebis clonées, levures productrices d’huile de palme, d’antipaludéen ou de morphine, tomates transgéniques, algues à biocarburants, bactéries synthétiques mangeuses d’arsenic, arbres luminescents… sont au menu des jours futurs. Car la biologie de synthèse déploie des outils puissants de remaniement des génomes pour pousser plus loin le « design à façon » des organismes vivants, amorcé avec l’ingénierie génétique des années 1970. De la domestication du vivant au vivant synthétique…
 

Métamorphoses synthétiques

Les usines vivantes sont-elles vouées à remplacer nos manufactures mécaniques et chimiques pour répondre à nos besoins en énergie, santé, aliments, dépollution ? À l’heure où nous cherchons des solutions soute¬nables pour l’innovation, le recours aux organismes vivants renouvelables implique-t-il de les « doper », de les recombiner, de les muter, ou d’en construire de nouveaux ? 
 
L’ampleur des projets de la biologie de synthèse et les enjeux de cette industrialisation du vivant, ou « bioéconomie », impliquent que chacun puisse appréhender le futur qui se prépare dans les laboratoires. D’autant que les tensions ne vont pas manquer de se manifester tant sur les ressources disponibles – avec les arbitrages nécessaires entre destinations alimentaires ou industrielles – que sur les terres avec la frénésie des accaparements des espaces fertiles de la planète. 
 
Pour envisager les choix techniques qui s’offrent à nous, il importe de les repérer, de les comprendre et de les mettre en contexte. Partir des expériences de chacun avec le monde vivant : relations avec la nature, les animaux, le corps (naissance, santé, sport, handicap…). Confronter ces attachements aux situations à venir quand les robots s’animeront, les hybrides bioélectriques se multiplieront, les champs et les mers abriteront des espèces artificielles… S’interroger sur nos « biopouvoirs » et penser leur effets : comment mangerons-nous demain ? Que seront nos élevages et nos champs ? Quelles réparations ou améliorations ferons-nous à nos corps, à nos enfants à venir ? Pourrons-nous revenir en arrière ? 
 
 

INTERDEPENDANCES

À l’heure où le monde vivant connaît sa « 6e extinction», avec une baisse très rapide de la diversité de ses espèces, n’est-il pas urgent d’interroger la notion d’interdépendance ? Comme le souligne l’écologue Franck Courchamp dans le documentaire « Planète corps » : « Les interactions de notre corps avec les organismes qui le colonisent nous obligent à reconsidérer notre place dans la nature. (...) Virus nous sommes, bactéries nous sommes, cellules nous sommes, animaux nous sommes, et c’est bien ça qui nous rend humains.

Si les passagers de notre corps décident en permanence de notre destin, n’oublions pas que nous sommes nous-mêmes les passagers d’un corps géant, la Terre, et que nous influons sur son destin. »

L’émergence de la biologie de synthèse entraîne de nombreuses questions scientifiques, économiques, sociales, éthiques et politiques. Connaître et comprendre les constituants élémentaires du vivant pour les réorganiser par l’ingénierie moléculaire : le programme est vaste, il peut faire rêver ou faire peur. Fabrication de biocarburants, réparation de l’ADN, création de cellules…, cette nouvelle biologie a comme but de concevoir et construire de nouveaux systèmes biologiques aux fonctions contrôlées, s’ils peuvent l’être… ou des êtres artificiels confinés, si cela est possible ? Ici l’interdépendance devient un point névralgique.

Interdépendance du passé et du futur, des êtres vivants entre eux et avec leurs milieux de vie, de l’homme et de la machine, du corps et de l’âme, du son et du mouvement… Au sein de l’« archipel du vivant », la communication est incessante et génératrice de sens. Chaque artiste invite à découvrir un écosystème artificiel créé ou réagissant à chacune de nos interactions. Il donne à vivre des expériences : faire marcher des plantes (Still Human, de Mathias Schmitt), donner vie à des êtres chimériques (Connexa Viva, de Golnaz Behrouznia), dessiner des paysages d’énergie microscopique (Partitions, de Catherine Nyeki), matérialiser les âmes vivantes (Protocole JEMONDE, de Maud LC), déclencher une perte de repères (L’Orée délocalisée, de Marion Orfila), ou offrir une possibilité de communication avec le futur (Caméra 2067, de David Guez).

Sont ainsi proposées des fenêtres d’entrée, des chemins de traverse pour réinterroger le monde vivant et les relations que nous avons tous avec lui.

Maud Louvrier-Clerc
 

Les intervenants scientifiques

 
 
 

VITA NOVA est une rencontre réalisée par l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne (chargés de mission : Dorothée Browaeys et Jean-Jacques Perrier ; coordination : Bernadette Bensaude-Vincent) dans le cadre du programme européen Synenergene, avec le groupe curatorial composé de Maud Louvrier-Clerc, Mael Le Mée, Emmanuel Ferrand ; l’appui de Fabienne Marion, Josselin Barbay et de nos partenaires : AgroParisTech, Sup’Biotech, Biotech.info 3.0, le support média de UP' Magazine et la galerie Claude Samuel.